Pour l’heure, on ne sait toujours pas très bien ce qui est à l’origine de cet extraordinaire sursaut de luminosité de la comète 17P/Holmes : une explosion complète de son noyau ? Apparemment non. En effet, aucune des images réalisées jusqu’à présent n’a montré de fragmentation de ce noyau cométaire.

Photo S. Delamare / ASCT-astronomie
Alors quoi ? Le dégazage massif d’une grosse poche gazeuse située sous la surface de la comète ? La seule chose certaine à l’heure actuelle est que ce noyau cométaire d’environ 3,6 malheureux kilomètres de diamètre a été capable de développer une bulle de gaz plus grosse que le Soleil lui-même.
Même le télescope spatial Hubble n’est pas parvenu à percer le mystère tapi au coeur de l’épaisse coma poussiéreuse de cette comète hors norme3.

A gauche, photo réalisée par A. Dyer, Canada et à droite par le télescope spatial Hubble
Tout ce qu’on peut dire, c’est que la comète a abandonné derrière elle environ 1 % de sa masse totale, sous forme de gaz et de poussières. Au début, bien centrée sur le noyau de la comète, ce dégazage monstrueux s’est petit à petit écarté du noyau au fur et à mesure que celui-ci poursuivait sa route sur son orbite.

Montage Ph Ledoux / ASCT-astronomie
Au sein de cet épais nuage de poussières et de gaz, les meilleures photos ont mis en évidence de puissants jets de matière jaillissant du noyau de la comète sous la forme d’une structure allongée, pendant que la vitesse d’expansion moyenne de la coma tombait de 600 m/s à environ 150 m/s.


Animation David Strange, Norman Lockyer Observatory, Grande-Bretagne
Les images réalisées à l’observatoire du Pic du Midi par l’équipe de Fernand Lecacheux et François Colas confirment l’existence de ces jets de poussière et de gaz. Mais alors que l’astronome espagnol Trigo-Rodrigues, dans une observation réalisée en infra-rouge le 26 octobre avec le télescope de 1.5 m de Tenerife, avait constaté que la coma était asymétrique, formée de 2 taches lumineuses séparées par une zone moins dense, l’ensemble étant en expansion rapide, à la vitesse de 600 m/s, on ne retrouve rien de tel sur les images réalisées du 28 au 31 octobre au Pic du Midi par Jean Lecacheux, François Colas et Boris Gaillard : on constate uniquement la présence de plusieurs structures en formes d’arc au sein de la coma, qui sont probablement le fait d’une quinzaine de jets actifs de poussières issues du noyau de la comète.

Animation F. Lecacheux, F. Colas, station de planétologie du Pic du Midi
Les jets de poussières semblent avoir jailli des fragments qui se seraient détachés du noyau et se sont affaiblis rapidement : en effet, les observations réalisées le 4 novembre au Pic du Midi montraient que ces jets n’étaient plus alimentés en poussières par le noyau et qu’ils devraient donc s’évanouir progressivement au fur et à mesure qu’ils se dilueraient dans l’espace.

Photo Paul Klauninger, Ontario, Canada
L’analyse de ces jets par spectrographie a permis d’apporter quelques informations supplémentaires : au radiotélescope de Nançay (Observatoire de Paris, INSU/CNRS), les raies du radical OH à 18 cm ont été observées le soir même de l'annonce du sursaut du 24 octobre. Le radical OH est un produit de la photo-destruction de la molécule d'eau qui permet d'estimer la quantité d'eau s'échappant de la comète.
Au radiotélescope de 30 m de Pico Veleta, en Espagne, les premières observations faites le 26 octobre ont révélé les raies intenses du radical CS et des molécules de monoxyde de carbone (CO), de méthanol (CH3OH) et de cyanure d'hydrogène (HCN), provenant de la sublimation des glaces cométaires.
En France, l'interféromètre de l'IRAM au Plateau de Bure a pu observer des images de la raie de la molécule HCN, un traceur de la molécule d'eau, ainsi que l'émission thermique de poussières de taille millimétrique.

Bref, l’énigme de cette surprenante comète n’est pas encore élucidée. Peut-être en saurons-nous un peu plus lorsqu’elle reviendra nous visiter dans 6,9 années ?

Photo Gote Flodqvist, Stockholm , Suède
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