30 000 étoiles variables clignotent au-dessus de votre tête : c'est
à dire la grande fréquence de ces étoiles dont l'éclat varie
au fil du temps. Mais il faut savoir être patient pour les débusquer,
leurs changements d'éclat demandant des jours, parfois des semaines
pour être observés.
Plusieurs de ces étoiles sont cependant très facilement visibles
dans le ciel. L'une d'entre elles est l'étoile Algol, dans la constellation
de Persée.
![](persee.gif)
Le nom Algol vient du terme arabe Ras El Ghul, la tête du démon.
Pour les anciens grecs, cette étoile était l'oil de Méduse, cette
terrible créature à la tête couverte de serpents dont le regard
changeait en pierre les êtres vivants. Bref, oil de Méduse ou tête
de démon, les étoiles variables, dans l'Antiquité, avaient mauvaise
presse. Il faut comprendre les anciens astronomes : le ciel était
censé être le domaine des dieux, un lieu de perfection immuable.
Et voilà qu'au lieu d'être immuable, une étoile se mettait à changer
de luminosité selon les jours ! Panique dans le domaine des dieux
!
Dans le cas d'Algol, il ne s'agit pas d'une véritable étoile variable,
mais d'une étoile double à éclipses : tous les 2 jours 20 heures
48 minutes, un petit compagnon invisible passe devant l'étoile principale
dont l'éclat passe alors en 5 heures de la magnitude 2.1 à 3.4.
Puis le petit compagnon poursuit sa route sur son orbite et démasque
progressivement Algol qui retrouve, 5 heures après, son éclat habituel.
Pour détecter cet affaiblissement, l'étoile Almach (= Gamma d'Andromède),
constitue un point de comparaison idéal puisque sa magnitude, constante,
est de 2.1, exactement celle d'Algol en dehors des périodes d'éclipse.
![](andromede.gif)
La baisse d'éclat est particulièrement marquée deux heures avant
le minimum. Pour bien observer les éclipses d'Algol, le mieux est
de l'observer toutes les heures le jour prévu pour le minimum. Vous
trouverez la date de ces minima dans la page de nos éphémérides
mensuelles
D'autres étoiles variables suivent des périodes infiniment plus
longues, comme l'étoile Omicron de la constellation de la Baleine,
dont la période entre deux maxima est pratiquement de 11 mois (322
jours très exactement).
Découverte seulement à la fin du XVIème siècle, les astronomes
baptisèrent cette étoile du nom latin Mira, qui signifie "la merveilleuse",
tant ils ont été étonnés de voir cette étoile passer de la magnitude
9, invisible à l'oil nu, à la magnitude 3.5, la rendant bien visible
durant quelques semaines.
![](baleine.gif)
Le dernier maximum de Mira a eu lieu en septembre 2001.
Dans le cas de Mira, les variations de luminosité de l'étoile ne
sont pas dues à un obscur compagnon en orbite autour de Mira mais
à l'étoile elle-même : Mira est une vieille étoile géante rouge,
en fin de vie, qui a de plus en plus de mal à maintenir son équilibre,
entre effondrement sur elle-même dû à la gravitation, et rayonnement
lumineux vers l'espace. Mira est le type même de l'étoile variable
à longue période
Et si l'attente des maxima de Mira vous semble trop long, rabattez-vous
sur l'étoile Delta de la constellation de Céphée qui, avec la régularité
d'un métronome, voit sa luminosité varier de la magnitude 3.5 à
4.4 en très précisément 5 jours 8 heures et 50 minutes.
![](deltacephee.gif)
La régularité exceptionnelle de cette étoile a permis de décrire
toute une nouvelle classe d'étoiles, appelées les Céphéides, dont
les astronomes se servent beaucoup pour calculer la distance qui
nous sépare des amas d'étoiles et des galaxies.
Autres étoiles variables d'une régularité
exemplaires : les RR Lyrae, qui prennent modèle sur une petite
étoile située à mi-chemin entre les constellations
de la Lyre et du Cygne. Leur période est plus courte que
celle des Céphéides. Leur particularité est
d'atteindre leur maximum d'éclat très rapidement,
une heure environ, ce qui les rend très spectaculaires.
![](rrlyrae.gif)
Enfin, il existe une dernière catégorie d'étoiles
variables complètement irrégulières et imprévisibles.
C'est le cas des Novae. Il s'agit en fait d'étoiles doubles
très serrées, dans lesquelles une partie de l'atmosphère
de l'une des étoiles est aspirée de temps en temps
par sa compagne. Un exemple de ces étoiles se trouve dans
la constellation du Cygne et est appelée SS Cygni.
L'étoile UV Ceti, dans la constellation de la Baleine, elle,
est une étoile variable de type explosif, et qui connait
de temps en temps des éruptions à sa surface, comme
cela se produit pour notre Soleil. La différence est que
UV Ceti est une étoile naine rouge, de magnitude 13, à
la limite de la visibilité même dans un télescope
de 200 mm de diamètre. Alors, forcément, une éruption,
çà se remarque sur une étoile aussi minable
: lors de ces éruptions, UV Ceti passe à la magnitude
7. Mais il faut avoir un sacré coup de pot pour avoir l'oeil
collé à l'oculaire de son télescope justement
le jour où se produit une de ces éruptions !
Si vous souhaitez progresser dans l'observation des étoiles
variables, sachez qu'il existe en France une association d'astronomes
amateurs qui se sont spécialisés dans ce type d'étoile.
Il s'agit de l'AFOEV. |