La Lyre est une toute petite constellation. Elle a une forme tarabiscotée,
composée d'un parallélépipède accroché
à un triangle. Elle est bien reconnaissable grâce à sa brillante
étoile bleutée Véga : c'est la plus brillante de toutes les
étoiles du ciel d'été et, de ce fait, c'est la première étoile
que apercevrez lorsque la nuit commencera à tomber.

La lyre est le premier instrument à cordes connu dans l'Antiquité.
La mythologie explique que ce fut le dieu Mercure qui fabriqua cet
instrument avant de le donner à un autre dieu, Apollon, lequel
en fit cadeau à l'un de ses fils, Orphée. Celui-ci
devint si habile que tous les oiseaux se taisaient et que toutes
les bêtes féroces venaient se coucher à ses
pieds pour l'écouter jouer de la lyre. Lorsque sa femme Eurydice
mourut, mordue par un serpent, Orphée descendit aux enfers
pour essayer de la délivrer. Grâce à sa lyre,
Orphée réussit à charmer Cerbère, le
chien à 3 têtes qui gardait la porte de l'enfer, ainsi
que son maître, le terrible dieu Pluton. Ce dernier accepta
de lui rendre Eurydice, à condition qu'à aucun moment
il ne tourne ses yeux vers elle tant qu'ils ne seraient pas tous
deux remontés et sortis des enfers. Malheureusement, à
un moment, Eurydice trébucha sur une pierre et Orphée
se retourna pour la secourir : leurs regards se croisèrent
alors et un gigantesque rocher s'abattit entre eux, les séparant
à jamais. Inconsolable, Orphée erra alors toute sa
vie dans les bois pour jouer des chansons tristes sur sa lyre. Toutes
les jeunes filles étaient amoureuses de ce beau joueur de
lyre, qui devint ainsi la première pop-star de l'Antiquité,
jusqu'au jour où il tomba sur une bande de fans particulièrement
excitées : vexées de voir qu'Orphée restait
insensible à leurs efforts de séduction, elles le
tuèrent et jetèrent sa lyre dans la rivière.
Pris de pitié, Jupiter, le dieu des dieux, envoya un vautour
plonger dans la rivière pour récupérer la lyre,
dont il fit une constellation dans le ciel. Quant au vautour, il
eût aussi sa place dans le ciel : Véga signifie "l'oiseau
qui tombe"

Deux curiosités faciles d'accès sont cachées
dans la constellation de la Lyre : la double-double étoile
et la nébuleuse annulaire.
Commençons tout d'abord par tourner nos yeux vers l'étoile
Epsilon de la Lyre. A l'oeil nu, rien de bien folichon dans cette
petite étoile de magnitude 5. Maintenant, pointez vos jumelles
sur cette étoile banale : vous la dédoublerez alors
en une étoile double, appelée Epsilon 1 et Epsilon
2 !
Encore plus fort : prenez maintenant une lunette de 75 mm de diamètre,
choisissez un oculaire donnant un grossissement d'au moins 120 fois,
et vous découvrirez que chacune des 2 composantes de cette
étoile double est elle aussi double ! C'est la raison pour
laquelle l'astronome William Herschel décida d'appeler en
1779 ce quadruple système solaire "la double double
étoile de la Lyre".

Epsilon de la Lyre vue au travers de jumelles puis au télescope
- Montage Ph Ledoux - ASCT astronomie
Deuxième curiosité de la Lyre : une belle nébuleuse
planétaire en forme d'anneau, située entre 1400 et 2000 années-lumière
de la Terre selon les estimations, et appelée par les astronomes
Messier 57. Cette nébuleuse est facile à repérer
avec un télescope de 114 mm de diamètre, juste entre
les étoiles Bêta et Gamma de la Lyre (cf le schéma
de la constellation placé plus haut) : il s'agit d'une grosse
bulle d'hydrogène et d'hélium, éjectés
à la vitesse de 20 km/s voici 20 000 ans par une étoile.
M57 préfigure ce que sera la fin de notre Soleil : après
avoir gonflé démesurément au point de devenir
une étoile géante rouge, il expulsera dans l'espace
son enveloppe gazeuse. Au centre de cette nébuleuse planétaire,
il ne restera plus que le cadavre de notre Soleil, une étoile
naine blanche qui se refroidira au fil des millénaires. Pour
voir l'anneau de gaz, un petit télescope avec un grossissement
de 50 fois, suffira à votre bonheur.

La Nébuleuse annulaire de la Lyre - Photo Ch Ferruel -
ASCT astronomie
Par contre, pour voir l'étoile naine blanche qui gît
au milieu de M57, il faut cependant un gros télescope, d'au
moins 400 mm de diamètre. L'idéal, c'est d'avoir sous
la main le télescope spatial Hubble. Un petit exemple si
vous parvenez à cliquer sur le pixel ci-dessous (une photo
pareille, faut la mériter ...)
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